It's been way too long - Elay

Assise sur le canapé familial en plein après midi, Nia lutte contre la fatigue. Ses paupières se fermes de plus en plus longtemps et elle sent les muscles de ses bras se dérober. Elle est rentre de son service à l'auberge depuis à peine dix minutes que les abîmes de la sieste s'apprêtent déjà à la dévorer toute crue. Elle lutte en vain. Elle sait très bien qu'elle va s'endormir pendant presque une heure, la bouche ouverte tel le gobe-mouche auquel elle comparait sa mère jadis. Elle se réveillera en sursaut, se lèvera en vitesse et culpabilisera d'avoir perdu son temps à roupiller alors qu'une tonne de papiers ne demandent qu'à être classés et comptabilisés dans son bureau.

Depuis deux ans, la culpabilité tient un rôle principal dans le grand n'importe-quoi qu'est devenu sa vie. Culpabilité de ne pas travailler assez pour offrir un toit à son fils. Culpabilité de travailler trop et de ne pas passer assez de temps avec lui. Culpabilité d'avoir laissé un connard fini entrer dans sa vie pour tout foutre en l'air. A cela s'ajoute la culpabilité d'imposer sa présence à ses parents, celle d'avoir un emploi loin de ses rêves de grandes études et enfin, cherry on the top, la culpabilité de mentir à son fils sur l'identité de son père. Ca commence à faire beaucoup à gérer pour une seule personne.

Comme prévu, la sieste l'emporte rapidement dans un sommeil sans rêve et trop court à son goût. Elle aimerait se réveiller et découvrir que tout cela n'était qu'un cauchemar, une pure invention tordue de ses méninges. Mais non. Pas aujourd'hui. /BAM/ Comme prévu le réveil n'est pas agréable. Elle regarde le cadran de l'horloge : encore deux heures minimum avant que Sam ne rentre d'un après-midi chez un ami et ses parents sont déjà aux fourneaux pour le service de ce soir. /BAM/ Ce qu'elle avait pris pour le fruit de son imagination était un bruit bien rel et bien trop proche. /BAM BAM/ Elle ouvre la porte d'entrée à la volée. Personne. Elle inspecte prudemment les fenêtres de la pièce principale mais les volets fermés ne sont pas là pour la rassurer... /BAM/
La porte de derrière reste sa dernière option. Elle attrape son téléphone et un bidon de lessive en passant dans le débarras. Peut-être pourrait-elle profiter de l'effet de surprise pour assommer l'intrus. Si intrus il y a...

D'une main peu assurée, elle prend une grande inspiration, déverrouille la porte et l'ouvre... « Je peux savoir ce que vous.... » commence-t-elle d'une voix qu'elle aurait voulu plus menaçante. Mais elle s'arrête, bouche bée devant l'intrus.