TREASURE (phèdre/fiore)

il ne marche pas, il court, à toute vitesse
dans ses mains, ça bourdonne méchamment
l'insecte est bleu roi et rosé, ressemble à un gros scarabé
il n'y connaît rien, fiore.
a toujours été plus mer que terre.
mais quand l'insecte sur la coque de son bateau s'est posé, il s'est empressé de l'attraper.
ça ferait un si beau cadeau pour phèdre.
alors il court, dans les allées, dans les avenues pavées
jusqu'à la maison au jardin comme une jungle.
"phèdre! phèdre!" une silhouette de femme-enfant courbée entre les herbes.
il fonce,
il trébuche,
il tombe,
un bruit de craquement entre ses phalanges
ses paumes se retrouvent pleines d'un liquide poisseux, visqueux, noirâtre. du jus de scarabé.
"zut."
il est à deux doigts de se mettre à pleurer.

elle a mis sa robe blanche qui vole au vent pour attraper des limaces.
elle a retiré un à un les anti-limaces, les petites graines bleues coincées entre les feuilles, pour ne pas empoisonner ses amis rampantes.
et elle entend son prénom, qui sonne comme un clairon, dans la bouche de fiore.
fiore constantino.
il a plus de part de mer que de terre, mais il est solaire, ça elle est est certaine.
il court, et dans ses mains, phèdre croit voir un scarabée bleu roi et rosé.
mais le bolide est trop rapide et l'insecte trop fragile, les pierres trop rusées. fiore tombe, et le scarabée trépasse.
phèdre accourt, voit des mains de son ami couler un jus trop triste.
dans les yeux du tueur involontaire, des larmes commencent à affluer, et phèdre le prend dans ses bras.
elle dit tu sais, c'est pas grave. et puis t'es gentil de me l'avoir ramené. et encore je vais récolter le jus. un bisou sur le front. pleure pas fiore, pleure pas.

phèdre elle est trop douce, sans doute parce qu'il ne sait rien d'elle ou presque
pas la part destructrice d'insectes
ni celle de savant illuminé
juste la gamine aux yeux ensoleillés
c'est pour ce genre de fille qu'il a quitté ses terres
pour trouver le soleil, le vrai.
et le jus de scarabée coule le long de ses doigts,
il le regarde, un peu fasciné
puis happé par la douce étreinte.
il se promet de ne pas pleurer.
et quand il lève ses yeux brillants vers elle, il renifle un peu.
"mais... c'est pas tes amis? les bestioles, toutes petites, brillantes... tu ne m'en veux pas de l'avoir tué?"

quand elle y pense, elle non plus ne connaît pas trop fiore. c'était un jour de printemps qu'ils ont dû se rencontrer et n'ont plus voulu trop se séparer.
il lui fait voir un paysage plus beau que celui des expériences macabres mais drôles, il lui donne un sourire qu'elle croyait avoir égaré en chemin.
elle prend les mains encore juvéniles entre les siennes trop jeunes aussi.
le sang si scarabée n'est pas multicolore mais dans les yeux et fiore phèdre découvre un arc en ciel.
si, c'est mes amis. mais parfois, leurs corps me permettent en faire d'autres choses.
elle lui sourit, met dans un bocal les restes écrasés de feu elle scarabée.
tu veux voir ?

fiore fronce les sourcils, mais ce n'est pas la première fois qu'il ne comprend pas
le monde qui tourne un peu vite pour lui
les mystères de la vie
il s'habituera.
il est comme un enfant curieux, sans cesse en quête du pourquoi.
il regarde le jus de scarabée avec des yeux ronds,
les mains de phèdre si expertes pourtant si jeunes.
rien à voir avec lui quand il fabrique ses choses
son bric-à-brac d'objets étincelants et bancals
alors il hoche la tête.
il veut tout voir, fiore, tout savoir, tout comprendre.
"montre-moi, s'il te plaît."

alors phèdre lui prend la main. ils évitent tous les obstacles futiles du chemin
les cailloux, les dalles cassées, les râteaux parsemés,
les nains de jardin et les anti-limaces (il en reste encore),
les moulins à vent et les arrosoirs qui n'arrosent plus car ils sont troués.
les photos de papa et maman avant leur départ,
et quand elle pousse la porte, phèdre se sent bien, dans sa grotte.
leurs mains toujours attachés, il évoluent dans un monde qui ne lui est pas inconnu.
elle entre dans l'insectosafari, une grande pièce, remplie de différents bocaux,
nettoyés avec amour par l'attention d'adib,
étiquetés, proprement, par l'écriture magnifique de livio,
fermés avec soin par les doigts magiques de gaïa,
photographiés par le talent de thalassa,
observés par l'oeil attentif de grigorio.
c'est si grand sur les étagères qu'elle-même a montées, des échelles montent au plafond comme dans une grande bibliothèque.
la bibliothèque des insectes.
là, c'est ceux qu'on garde vivant.
c'est comme un vivarium, il y a de tout. beaucoup d'espèces,
rares ou communes. dans le gros bocal allumé là bas, c'est un ver unique,
lui on le garde pour le montrer.
elle le regarde, s'avance vers l'animal. elle le prend et le mets devant le nez
(consterné)
de fiore.
hop

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» et d'un coup, plus rien ne tourne rond. (flashback avec phèdre)

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