plus tôt, il affrontait les vagues avec les hommes de la famille. plus tôt, il était dans son milieu. quand ils ont retrouvés la terre ferme, ils ont rejoins madame petri, sirène d'papa, pour nettoyer les poissons avant de s'envoler pour le marché. là-bas, on les attends, les pêcheurs et leurs récoltes. hero manque sur la toile, alors on se met à dessiner cette grande ombre, élancée, avec la joie dans tout ses gestes. l'aîné est attendu, c'est samedi, et samedi, on le croise sur cette fameuse place.

y'a des coquillages qui entoure le kiosque de couleur blanchâtres aux traits bleus, le bois s'usent et ils pensent toujours pouvoir panser l'usure d'un coup de pinceau. les coquillages se bousculent quand le vent vient frapper, douce mélodie qu'ils adorent, les coquillages se battent, les pensées s'envolent.
hero tend les sachets où les différents poissons sont emprisonnés, donnant parfois un supplément aux visages connus et aux touristes curieux qui viennent s'essayer aux saveurs grecques. dans une atmosphère joviale comme celle-ci, hero ne peut que trouver sa place. il est bien, il est chez-lui.

il voit ces pièces tombées en chaîne, elles rebondissent sur le bitume chaud de kalokairi et il s'en approche. il se relève ensuite, quelques centimes dans les mains et les tend à la sirène à la chevelure sombre, mais aux yeux aussi clair que l'océan. "dix centimes." il sourit. "c'est les pièces qu'on retrouve dans la fontaine." et il se dit qu'avec dix centimes, elle pourrait faire dix vœux. et qu'avec dix vœux, elle pourrait être la sirène chanceuse qui a vu ses rêves se réaliser, si encore, c'était la méthode à approcher.

si avec dix centimes, hero pourrait toucher les étoiles, alors hero sacrifierait toutes les pièces clandestines qui se trouvent dans ses poches de pantalon.

on ne sait pas ce que fait phèdre sur la place, elle est sûrement là pour ramasser des objets tombés des poches des badauds, ou crever les yeux de quelques oiseaux avec quelques galets ronds. elle est peut-être en train de défoncer la voie publique avec ses mains, ou caresser des pétales de fleur rien que pour rire. elle regarde sûrement l'homme aux sourires, qui tend coquillages, regards et douceurs sur la place, et, sans doute, elle doit s'approcher de lui, car il lui tend dix centimes, quelques points brillants qui luisent dans sa peau. comme des étoiles.
des pièces qu'on retrouve dans la fontaine ? mais alors, il n'a pas le droit de les prendre ? il brise les vœux de milliers de gens. elle n'en veut pas, et pourtant, elle ne peut s'empêcher de les regarder, de les mettre sous le soleil pour les rendre plus jolies, et de regarder l'homme, lui dire merci. puis, j'en veux pas, mais je veux bien les jeter dans la fontaine, pour d'autres.
elle les met dans sa poche pour les jeter dans la fontaine d'aphrodite plus tard, car aucune fontaine ne mérite plus les dix centimes tombés dans sa paume comme des météorites en coton. elle prend la main de l'homme. les lignes font de petits dessins et c'est comme un tableau abstrait, un jardin secret. phèdre se demande ce qu'elle ferait si elle avait de telles mains, si elle pouvait tenir dans sa poigne un picasso inachevé.
comment tu t'appelles ?
elle se demande aussi ce qu'est le rêve de cet homme, s'il est sur la place par hasard ou s'il traîne près des kiosques à la recherche de bidules oubliés. si, comme elle, il erre dans les rues de kalokairi pour se remplir de soleil en attendant la nuit. ou les étoiles.

Il n’a jamais lancé de pièces dans la fontaine, Hero. Il ne manquait pas de foi, il a toujours pensé à la magie que la fontaine pouvait apporter dans leurs vies, mais il n’a jamais pris l’initiative d’y lancer quelques centimes. Lui à tendance à toucher l’eau et à observer le ciel un instant, comme pour saluer Aphrodite avant de reprendre le cours de sa journée. Il n’a jamais fait de souhait, parce qu’Hero, il est heureux avec tout ce qu’il a déjà. Il ne veut pas sacrifier de vœux, ils pourraient être utiles à d’autres. Il s’y rend juste pour saluer la déesse, comme une vieille amie ou une bonne mère qui l’observe dans les cieux. Il aime penser que la déesse de l’amour garde un œil sur lui et parfois, il lui murmure des questions concernant sa sirène. "Avec grand plaisir", il sourit à la demoiselle, aux cheveux sombres et aux yeux clairs, presque comme un visage qu’il connaissait déjà, un visage qu’on lui avait déjà décrit. "C’est gentil, pour les autres." il admet, aurait sûrement fait pareil, au final. Elle refuse pas les pièces, même si comme elle dit, elle n’en veut pas. Et il observe la gamin attraper sa main, comme si elle allait lire les lignes du destin. Il se tait, jusqu’à ce qu’elle vienne lui demander son nom. "Mon nom, c’est Hero." Il lui sourit, comme si ça rimait avec enchanté avant de continuer. "C’est quoi le tien ?"

les pièces tintent dans sa poche à chaque infime mouvement. phèdre se dit qu'elle les jettera dans la fontaine et qu'elles ne les gardera pas, au final. ça lui fera l'occasion d'aller voir aphrodite et lui raconter sa rencontre avec hero, comme un héros ? phèdre se demande bien quel genre. elle se dit qu'il y a pleins de surprises cachées ici, dans les sourires ou les yeux des hommes. phèdre, qu'elle répond, penaude. mais je sais pas ce que ça veut dire. elle dit ça en s'excusant de pas avoir un nom aussi bien que le sien, et elle met sa main vraiment dans la sienne, leurs doigts s'accrochent. on lui avait dit que son nom venait d'un illustre personnage, c'est si lointain maintenant, ces histoires. elle prefere vivre au présent avec, cet instant, son nouvel héros. elle se demande si c'est possible que les étoiles se déversent dans ses cheveux, si elles n'ont pas juste été aspirées pour se loger dans les pupilles de hero, tant elles resplendissent. elle semble s'évader en plongeant dans ces abîmes envoûtantes. mais elle ne s'y prend pas (pas trop). et en elle germe une idée, loin de la cohue, des kiosques bondés. loin de l'artificiel. elle fait un pas sur la droite, elle veut l'emmener voir un endroit magique, mais elle hésite, elle ne le connaît pas. pourtant, il n'a pas l'air méchant, ni dangereux.
c'est quoi ton plus grand rêve ?