SUMMER DEPRESSION

SUMMER DEPRESSION

maman l'île n'a pas changée, elle est comme dans tes carnets : un labyrinthe.
maman je ne suis ici que depuis quelques heures mais j'ai déjà appris; mile et une couleurs et quasiment autant d'odeurs. maman je me sens si bien et je peux presque sentir sur mon épaule ta main.

il fait bien plus chaud que tout à l'heure. il doit être midi. les terrasses se remplissent de touristes et de nouvelles odeurs viennent m'inviter à danser. désolée, je n'ai pas faim. du moins, pas de cela. moi j'ai faim de toi maman. je veux voir ce que tu as vu, comme cette vieille fontaine à souhait où papa t'a embrassée. et ce magasin d'étoffe où tu as acheté mon foulard favori (le tien). je veux tout voir , tout sentir, tout apprendre comme une enfant maman.

mais les ruelles se jouent de moi, elles tournent, se coupent, se bousculent, se séparent et se retrouvent. ((comme si même elles connaissaient l'amour)). je suis perdue, je crois, plus qu'avant encore.
je devrais sûrement demander mon chemin.
prune moi, je cerise pamplemousse ! navet vous houx je poire tamarin la groseille figue ??

le rouge monte à mes joues (les larmes ne tarderont pas), elle n'a probablement rien compris.
maman j'avais oublié qu'en grèce on parle grec, que la terre est ronde et que tu es morte.

@phèdre aulain

ce matin, phèdre avait revêtu sa tenue de carnaval. elle s'était assise sur une chaise, se demandant si dans le ciel et bien plus haut, là où les satellites volaient, il y en avait pour que les extraterrestres puissent s'asseoir. d'abord, elle avait mis le corset aux couleurs chatoyantes, boutonné les boutons et lacé les lacets. elle avait ajouté les froufrous, mis un collier, puis s'était levée, enfilé la robe par dessus. les tissus pailletés, violet mûres, bleu myrtilles, jaune banane, rouge groseille volaient autour de ses hanches et lui donnaient (elle le croyait), des allures de reine. elle avait coiffé ses cheveux, mis des barrettes à perles et des noeuds, ajouté une tiare. elle avait ensuite mis les chaussures, des bottes hautes qui lui montaient jusqu'au genou. puis, le masque, qui lui donnait un bec, bordé de brillants sur les bords. et enfin, les gants.
elle était sortie de chez elle, avait évité la perceuse qui gisait dans un coin. vêtue de ses plus beaux atours, elle était entrée en ville, et nombreux touristes la regardaient. il devait y en avoir d'autres comme elle, aujourd'hui, cela devait être le carnaval. tous les ans, on le fêtait ce jour. elle tourna dans' les rues et les ruelles, pesta contre ses talons qui se coinçaient dans les pavés.
un bras désespéré s'accrocha au sien. comme du scotch il y semblait fixé. la fille avait des trais doux et purs, phèdre se demanda ce qu'elle faisait là. elle s'exprimait dans un langage étrange mais incroyablement fruité. les larmes montaient dans ses beaux yeux et phèdre, à travers son masque, put distinguer le rose au joues. elle retira ses gants et s'approcha de l'inconnue (ses jupons touchaient les jambes incertaines), et caressa le visage perdu.
tu es perdue ?
puis, comme cela devait être oui,
aujourd'hui c'est le carnaval, si tu veux, on y va.
et encore
pleure pas, j'vais te montrer tout kalokairi.
elle remis ses gants et glissa sa main dans celle de l'inconnue.