il a retrouvé refuge dans son bateau, encore une fois. c'est un tableau connu, les autres hommes quittent le bateau définitivement après la pêche, mais lui, il reste dessus et pourrait même s'endormir avec l'odeur du poisson à laquelle il s'est habitué. le bateau ne rime pas avec chic, ni grand luxe, il rime avec histoires et souvenirs, et c'est sûrement ça qui pousse hero à rester tout les soirs. parce qu'il aime le goût que la beauté du ciel et de ses souvenirs ont ensemble, parce qu'il aime se souvenir que beaucoup de choses peuvent s'évaporer, mais qu'un bateau ne disparaît pas en un claquement de doigt. il est aussi fidèle à son bateau que celui-ci a à sa place habituelle, entouré d'autres bateaux et même celui du père d'iris plus loin. parfois, il l'observe avec un léger sourire avant de reporter son attention à la fuite du soleil. la fameuse fuite.

hero n'a pas besoin de beaucoup pour se satisfaire. hero ne fait pas dans l'ordinaire, vit dans un rêve éveillé où son essentiel est autour de lui. hero, pour vivre, n'aurait besoin que de l'océan face à lui et sa famille et les souvenirs qui leur collent à la peau, sans oublier les visages familiers, son calepin et ses mots gribouillés. il a pas besoin de ce que la jeunesse désire en dehors de l'île, l'envie de nouveau, de luxe, de se positionner au dessus. en réalité, hero pourrait être en bas de l'échelle qu'il s'en foutrait. être dernier, c'est toujours avoir une place. et c'est avec ce genre de pensées (trop)  positives qu'il avance sans se soucier des petits aléas de la vie, parce que même dans ces dits problèmes, il y trouve la beauté.

il descend de son palace, en faisant attention de ne pas trébucher à cause de l'humidité et de l'échelle usée. une fois atterri sur terre ferme, il donne une tape sur l'bateau, comme pour lui dire au revoir et à demain, parce qu'il reviendra, demain, à la première heure, c'est sûr. une sourire sur le visage, il reprend sa route, en observant le ciel et les bateaux qui défilent à ses côtés. hero ne fait même pas attention à la silhouette qui perd l'équilibre sur le quais humide, mais les mouvements dans l'air l'alerte qu'elle ne glisse pas en mimant la légère brise, elle glisse par déséquilibre. il essaye de l'aider dans ses gestes maladroits. "encore un peu et vous vous retrouviez dans l'eau." il sourit, presque bêtement. "ne vous en faîtes pas, elle est encore bonne." les baignades à cette heure-ci ne lui sont pas inconnues, il s'amusait adolescent et encore aujourd'hui, l'envie folle lui prend de temps en temps. "vous ne vous êtes pas fait mal?"

la journée a été longue, au revoir soleil.
la journée a été longue, épuisante même. ici, les gens vivent vraiment. avec une intensité toute nouvelle pour camélia. ici les gens pleurent et rient, s'aiment et se font du mal, il dansent sans compter leurs pas mais ne se marche jamais sur les pieds. alors au milieu de cette folie douce, camélia trébuche. sans jamais tomber non; l'île ne lui veut pas de mal, aphrodite la protège (sûrement).
ici la musique est moins forte, la mer fatiguée d'aller et venir sans arrêt lui a demandé un peu de répit. sa valse se fait d'ailleurs plus calme, apaisée.
camélia aussi.
elle se surprend même, debout sur un ponton mouillé à tourner légèrement, à danser pour le soleil et les poissons. au rythme de l'eau et de ses vagues qui semblent ravies.

mais c'est comme si elles en voulaient plus, voulaient camélia toute entière.
sur une latte trempée elle perd l'équilibre. vers l'eau va continuer sa danse. mais au dernier moment, une main la retient.
nouveau partenaire aux gestes incertains la tire du pétrin.
une nouvelle mélodie se fait entendre, celle de sa voix; sans prêter attention aux mots, camélia sourit aussi. en faisant légèrement taire son accent germain, elle articule un merci essoufflé.
si son corps et resté sur le rivage, son crâne chavire, un moment elle garde sa main dans celle du pêcheur puis la lâche avant de retrouver ses esprits.
oh hum non, je crois que je vais bien.. m..merci beaucoup
elle sourit encore, s'éloigne du bord et regarde la mer qui comme si de rien était a reprit sa danse. camélia frémit, effrayée par cette idée.
la mer est folle, l'île peut-être aussi. une autre nuance, plus d’intensité.

le souffle encore un peu cours, elle s'adosse à une barque de pêche derrière elle.
d'un geste de la tête elle revient à elle, reporte son attention sur son nouveau héro.
je croyais être seule, que faites vous ici?, l'accent persiste, la trahie.
lui, est d'ici elle le sait. elle l'imagine déjà, pirate, marin et pêcheur. chevalier des eaux ou gardien du port.